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Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/404

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BEETHOVEN

La joie pieuse de J.-S. Bach est, dans son « Cum sanclo spiritu », beaucoup plus disciplinée : la marche d’aucune partie ne dépasse celle des autres ; tout l’attelage frappe le sol, du même pas, dont le rythme reste égal, du commencement à la fin. Auprès de lui, Beethoven paraît désordonné. Mais qu’on ne s’y trompe pas ! Le génie de Beethoven, qui, dans les finales de ses Cinquième, Septième et Neuvième Symphonies, comme dans son Gloria, se grise de mouvement et de bruit, se plaît aux masses soulevées, entrechoquées, aux furieux élans brisés, s’arrêtant pour rebondir à contretemps, à tout ce désordre apparent, — n’en jouit tant que parce qu’il en joue : il en est maître ; et c’est dans ce désordre qu’il déchaîne que s’affirme sa puissance d’ordre, victorieuse des éléments. Il est essentiellement un combattant. L’âge des combats s’est reconnu en lui. Mais on conçoit que tous ceux qui cherchent à s’en évader, ou bien par l’art, ou par la foi, lui tiennent rancune de les y ramener. Cette rancune n’est point nouvelle. Goethe déjà la ressentait. Et cependant elle est de lui, elle est de son Faust, cette parole, sous le signe de laquelle combat Beethoven :