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Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/410

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BEETHOVEN

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B E E T fl 0 V E N

Mais, à la seconde descente de l’orchestre, sans les voix, une brusque modulation se produit, qui, d’un coup de baguette magique, nous transporte dans un monde différent. L’accord de dominante ne se résout pas en sa tonique si bémol, mais en la mineur. Et quand la voix reparaît, elle vient d’une autre sphère, elle parle une autre langue. C’est une tonalité ancienne, un mode grégorien 1. Il crée une atmosphère, non pas de clair-obscur (il n’y a pas flottement, comme on l’a dit, entre majeur et mineur), mais de sereine légende, dont le dessin est précis et fin, comme une Annonciation d’un quattrocentista ombrien. La voix du ténor récitant 2, comme l’Evangéliste des anciennes Passions, annonce le mystère de l’Incarnation. En pp., les cordes graves et l’orgue 1. « Dorien » de Glarean, ou « locrien », comme l’appelle Ivœchlin, après Bourgault-Ducoudray :

2. El non pas du chœur-ténors, comme on le dit dans nombre d’éditions, d’après le premier manuscrit original de Berlin. La première édition de 1827, comme la copie de 1823, soigneusement faite pour l’archiduc, indiquent le ténor solo ; et c’est infiniment plus saisissant, que l’unisson des ténors. — Mais Beethoven avait hésité. Thayer cite (IV, 344) une esquisse de 1819, qui donne : O Va ^