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Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/429

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LE CHANT DE LA RÉSURRECTION

On voit quel riche contenu poétique recouvre la grande musique du Credo. Il n’est, d’aucune façon, une étoffe littéraire, il est l’âme même de cette musique, il en constitue la raison d’être et l’unité. Chez un Beethoven, pas une succession d’harmonies, pas un accord qui n’ait son sens intérieur, qui ne réponde à un mouvement de l’émotion. Son principal travail — et il est rude et incessant, chez cet homme qui n’est point doué de la facilité d’élocution presque excessive d’un Mozart — c’est de trouver l’expression la plus exacte et la plus nue de ce qu’il ressent : car sa pensée, à l’état brut, est trop dense pour être claire ; il conçoit avec plus de force que de netteté. Mais en revanche, dans sa recherche tenace et passionnée du mot vrai, il va plus loin que Mozart et que tout autre musicien ; il ne se satisfait point qu’il n’ait éliminé de sa langue musicale tout le superflu et 1 accessoire, qui ne traduit poiîit une inflexion précise de l’émotion, tout ce qui est d’ordre seulement ornemental et décoratif, la forme vide de contenu. Même quand il se répète et qu’il insiste lourdement, comme dans telles de ses conclusions symphoniques, qui se saoulent de leur bruyante