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Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/430

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BEETHOVEN

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victoire, c’est que la passion déchaînée ne parvient pas à s’assouvir, n’obéit point à l’ordre de halte. L’homme, en ce cas, fait tort à l’artiste. En aucun cas, l’homme ne peut être séparé de 1 artiste. Chez lui. toujours musique est poème. On ne lit bien l’une, que si on lit l’autre. J ai tâché de lire le poème du Credo, —- qui n’est point le Credo liturgique, mais le Credo d’un homme et d’un âge. J en ai montré la vérité et la beauté. Je n’ai point dit les efforts immenses qu’il a coûtés. Schindler nous a dépeint « le géant furieux », forgeant la fugue, à cris sauvages, comme un Siegfried. Il ne faut point se méprendre sur le combat. Il n est pas livré, comme dit Schindler, « contre une année de contrepointistes » ; il ne s’agit pas de difficultés d’ordre technique. La grande fugue n’avait, en soi, rien qui pût arrêter un athlète de 1 écriture contrepointique, qui se plaisait (surtout en ces années) à ces jeux et à ces joutes de l’esprit. Le vrai combat était, pour Beethoven, dans le ploiement de cette forme à sa pensée, en sorte que celle-ci pût se couler exactement dans celle-là. Il ne pouvait faire aucune concession à l’écriture, aux dépens du mot précis (note ou accord), que sa pensée exigeait. Il fallait ce mot, et nul autre. C’était une question de vérité. De toutes les questions, pour un Beethoven, la première. Vérité prime beauté, s’il faut choisir. — Mais il ne le faut pas ! Un Beethoven ne s’v résigne pas. Et son combat, c’est pour que la vérité conquière ou crée la beauté juste, à laquelle elle a droit. Cela ne va point, parfois, sans violence faite à l’instrument ou à la voix employée : la plus belle forme en garde, parfois, des traces de meurtrissure. La beauté Beethove-