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Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/43

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LE CHANT DE LA RÉSURRECTION

(— « Jeder Mensch fehlt, nur immer auf eine andere Art »[1].)

Il le redira encore en musique, sur son lit de mort ; c’est sa pensée testamentaire :

[partition à transcrire]

(« Nous nous trompons tous, mais chacun de nous se trompe autrement ».)

Ne doutons point qu’il ne connût, aussi bien que nous, les petitesses de sa nature, et qu’il n’eût plus de peine que nous à les excuser !

Il avait un haut et ferme « caractère moral » (comme il disait) ; et il en avait le pharisaïsme ; il s’en drapait, il s’en vantait. — Il était ivre d’indépendance — (il en était aussi fanfaron, souvent, le pauvre homme !) — et il était non seulement à l’attache, mais platement courtisan. — Il avait, il étalait le mépris des sentiments intéressés ; et non seulement il était très occupé des questions d’argent, mais il s’y connaissait remarquablement. — Il faisait profession de républicanisme, et il était ulcéré qu’on discutât ses titres nobiliaires. — Il annonçait, avec une perspicacité singulière et flétrissante, le règne des Banques ; et il était au mieux avec les hommes des Banques. — Il prophétisait, du fond des années étouffantes de l’après-guerre, de la Réaction

  1. Lettre à Nanette Streicher, 1817.