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Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/431

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LE CHANT DE LA RÉSURRECTION

nienne n’est point colle d’un âge de luxe et de loisirs. Elle foule, comme nous, la route dure. Nous la suivons : elle marche, devant ; mais ses pieds portent les marques de la marche. Nous ne la donnons point pour parfaite. Elle ne supporte pas d’être fadement idéalisée. Son émouvante sincérité est sa plus grande beauté. La sincérité est un don rare dans l’art, beaucoup plus rare qu’on n’ose l’avouer. A ce degré, telle qu’on la trouve dans la Missa Solemnis et dans les derniers quatuors, elle est unique. Si de cette sincérité le Credo a (comme YAgnus) plastiquement un peu souffert, le dam vaut le prix. Payons le prix ! Nous pouvons seulement regretter que Beethoven ait, cru devoir s’exprimer véridiquement sur chaque ligne, sur chaque mot du Credo 1 : ce qui morcelle fatalement, en sections hétérogènes, l’ensemble du chapitre. S’il ne consentait pas à traiter ces diverses actions du texte en morceaux séparés, comme Ta fait .J.-S. Bach — car il entendait maintenir en un seul morceau tout le Symbole de Nicée, — il n’aurait pu en assurer la parfaite unité qu’à la condition de garder à son Credo, d’un bout à l’autre, un caractère d’adhésion générale, sans examen, au texte saint. Or, c’est, précisément ce que Beethoven ne voulait pas, ne pouvait pas, à moins de se mentir à lui-même, de dire : — « Je crois, je sais, et je m’incline, les yeux fermés ». — Il dit : « Je crois, je vois, et je veux voir »... Ce n’est point orgueil : (l’humilité se manifeste, à tout instant, et elle émeut) : c’est loyauté. 1. A part le passage que nous avons signalé plus haut, et qui témoigne d’une ehrtaine indifférence de pensée.