Aller au contenu

Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/432

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
418
BEETHOVEN

Qu’il ait eu raison ou tort, du point de vue dogmatique, il ne nous importe, ici. Humainement, c’est son droit. Et la question, pour nous, est de savoir si et comment cet examen, ce mot-à-mot de tous les articles du Credo peut se concilier musicalement avec l’unité totale du Credo. Ç’a été tout le grand effort, la bataille acharnée de Beethoven, pendant qu’il le composait. Nous ne nous étonnerons pas qu’il n’v ait qu’incomplètement réussi. Si, par un prodige de volonté constructrice, il a cependant réalisé génialement l’unité, pour le regard de qui sait lire l’œuvre et, comme nous, la contempler à loisir, cette unité se dérobe souvent à l’oreille de qui l’écoute, au concert : car le resserré de chaque épisode, l’écriture lapidaire, ne laissent point le temps à l’esprit de passer, sans secousse, d’une grande image à la suivante, de l’une à l’autre émotion. Le Credo de Beethoven est de ces œuvres qu’il faut connaître, avant d’entendre. Ne vaut point pour elles la parole inscrite au-dessus du Kyrie : « Von Herzen zu Herzen »... Ici, le cœur n’est pas assez. Il faut aussi l’intelligence. II ’intelligence est nécessaire, mais elle suffit pour établir victorieusement l’unité multiple et consubstantielle du Credo. Elle y échoue, dans le Sanctus. C’est, des cinq Hymnes de Beethoven, celui où l’unité est véritablement disloquée par l’opposition trop accusée des quatre mor-