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Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/433

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LE CHANT DE LA RÉSURRECTION

ceaux : le Sanctus, le Pleni sunt, le Osanna et le Benedictus. Aucun génie ne pouvait réussir à les fondre, à moins de sacrifier le caractère intime du premier et du dernier morceaux L Or, ce caractère tenait trop à l’essence même de la foi de Beethoven, pour qu’il pût se résoudre à un pareil renoncement ; et son sacrifice eût privé la musique des plus belles pages, des moments les plus profonds et les plus purs de sa Messe. Il n’en est pas surtout de plus révélateurs de l’essence propre de la foi de Beethoven et de son expression dans la messe.

Pas de contraste plus absolu qu’entre son Sanctus et celui de J.-S. Bach. Jean-Sébastien l’a conçu comme un grand chœur à six parties, jubilant et solennel. Toute la commu- * Il1. C’est ce qu’ont fait, délibérément, J.-S. Bach et Mozait. Chez J.-S. Bach, le Sanctus de fête triomphale n’a point de peine à se relier au Plein sunt et à YOsanna. Quant au Beneclictus, il forme un air de ténor, séparé, dont la tranquille effusion ne rompt point la trame de la Messe. — Il en est de même dans la Messe en ut mineur de Mozart, où le Sanctus éclatant et pompeux, à deux chœurs, ne fait qu’un avec le Pleni sunt, s’enchaîne nécessairement à VOsanna ; et le Benedictus forme un « soloquartett » séparé, « Allegro commodo », d’un beau travail un peu froid et dépourvu d’intimité.

En général, l’usage liturgique sépare le Benedictus des hymnes de glorification, qui précèdent ; et la musique se tait, pendant l’Elévation. Je ne remarque point que Beethoven ait rompu avec cet usage, dans sa première Messe en ut majeur, comme l’écrit M. Walther Riezler. Il est exact que le Sanctus et le Benedictus s’y trouvent rassemblés, sous le titre commun de « Hymnus III ». Mais le Benedictus forme un morceau différent de ce qui précède, par son mouvement propre, sa tonalité et son caractère bien tranché. Ce n’est que dans la Missa Solemnis qu’il fait corps avec le Sanctus,