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Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/435

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LE CHANT DE LA RÉSURRECTION

tées, une trépidation se dessine dans les violoncelles et les violes 1, elle redouble avec le trémolo p. piûdimin. des timbales ; dans les quatre dernières mesures du bref Sanclus, on sent la terreur prosternée, pp.

Cette grande impression de pieuse épouvante et d’attente est brutalement brisée par Y Allegro pesante du : « Pleni surit coeli », auquel fait suite YOsanna fugato en trois temps. Si brillamment que soient écrites, en correct style hændelien, ces répétitions obligées du Gloria, dont Beethoven ne pouvait se dispenser, elles nous paraissent faire tache dans la belle méditation du Sanctus, que va reprendre, avec un mysticisme plus enamouré, le Benedictus. Il nous paraît impossible que Beethoven n’ait pas souffert, comme nous, de cette obligation liturgique1 2. Mais il se peut que nous nous trompions et que Beethoven entendît ces deux morceaux autrement que nous. Car il nous faut remarquer que ces hymnes de gloire et d’exultation ne sont pas confiés, comme tout devrait le faire attendre, aux chœurs, mais aux soli. Et bien qu’ils paraissent insuffisants à dominer l’orchestre, Beethoven s’est refusé à les renforcer par les chœurs, ainsi qu’on le lui demandait. Aux doutes exprimés par Schindler sur les possibilités de bonne audition, Beethoven répliqua net : « Es müssen Solosiimmen seyn ! » C’est donc 1. Même trémolo, qui palpite, sur la même modulation harmonique, dans le « Ueber Sterncn muss er wohnen » de la Neuvième Symphonie. 2. Peut-être aussi — (il nous faudrait pouvoir retrouver les esquisses)

— s’est-il produit une interruption dans le travail. On croit palper ici les points de suture, comme il arrive souvent dans les œuvres de longue lialeine.