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Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/436

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BEETHOVEN

qu’il attachait une importance particulière à l’expression individuelle de ces Gloria en raccourci, et à cette place. Contentons-nous de le signaler, sans pouvoir nous sentir d’accord !

Le Benedictus, chez Jean-Sébastien, n’est qu’un bel air entre beaucoup d’autres, empreint de cette grâce roucoulante, un peu maniérée, avec laquelle, dans ses Cantates, I âme dévote dialogue avec un instrument (ici, le ténor avec un violon solo), dans le plus beau style de Saxe rococo. II s’enchaîne à un retour intégral de YOsanna choral, avec les chœurs jubilants et les trompettes. Aucune importance particulière n’est attachée à cette partie de la Messe. Or, c’est en elle que le cœur de Beethoven s’est livré tout entier. A ce moment de l’office, s’accomplit, dans le silence des fidèles et de l’autel, le plus divin mystère de la Messe : la Transsubstantiation. Il s’accomplit dans la géniale vision de Beethoven.

Les paroles ont cessé. Un Prélude instrumental crée une pénétrante atmosphère de clair-obscur mystique, où l’âme prosternée dans la crainte et dans l’amour attend, pressent l’approche de la lumière. Dans la pénombre à la Rembrandt de l’orchestre réduit, qui est celui de l’introduction du Sanctus1, se dessine une simple phrase répétée, dont le mouvement s’apparente au cantabile una corda, qui fleurit au milieu de la grande fugue de la sonate, op. 106 : 1. Violoncelles et altos divisés (pas de violons), — auxquels se joignent ici deux flûtes, mais maintenues dans le registre grave, les contrebasses renforcées d’un basson, et l’orgue.