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Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/443

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LE CHANT DE LA RÉSURRECTION

Puis, le ténor, suivi des trois autres, reprend YOsanna ; mais c’est un Osanna piano, sur le rythme et la mélodie du Benedictus, qui, cresc., doucement, remonte et redescend, comme respire une poitrine heureuse, et — tandis que le violon continue de monter jusqu’au mi le plus aigu, — demeure suspendue sur un accord de sol qui flotte —- « in excelsis » — entre la tonalité d’ut majeur, /. et celle de sol majeur, où elle expire, pp. dans un souffle d’extase L.. En achevant ces mots, je(.me rends trop compte de leur insignifiance. Partout ailleurs utile, là où elle doit retrouver la marche de la pensée, l’analyse musicale es1 ici superflue, et presque nocive : car ici, dans ce Benedictus, où l’émotion est fixée, dès les premières mesures, coule, d’un cours égal, la pure musique, et l’œil de l’intelligence n’a plus qu’à contempler. Qu’elle se garde de troubler, qu’elle sache s’abandonner à cet enchantement de Vendredi-Saint, au ruisseau mélodieux d’amour et de beauté ! 1 2

1. Dans aucun autre morceau de la Messe, la tonalité initiale n’est maintenue aussi continûment, aussi peu altérée, d’une façon passagère. Ainsi est établie la paix, qui règne sur tout le morceau. 2. A ceux qui osent reprocher à la musique de Beethoven la surdité de son créateur, la perfection d’écriture, les sonorités magiques de ce Benedictus répondent, en témoignant de l’extraordinaire finesse de l’ouïe intérieure, qui a conçu et exprimé ce charme. Avec des moyens d’orchestre réduits, mais raffinés : — un petit nombre d’instruments, individualisés (violon solo, clarinettes, bassons), les hautbois et. les flûtes écartés à dessein (sauf dans les mesures d’introduction), les trompettes et les trombones traités en fonds assourdis (p) du tableau

— Beethoven a obtenu une beauté de coloris, une harmonie aussi neuve que sans défauts. QuVn veuille d«nc bien croire que, quand