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Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/444

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BEETHOVEN

B E E T H O Y E N

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e Cinquième et dernier Hymne de la Messe est un monde différent. De la céleste communion, l’âme est retombée sur la terre, et elle s’y retrouve seule. Elle doit y faire son chemin, à travers les deuils, les hontes, les douleurs et les peurs. Beethoven se revoit lui-même, et les tristesses de sa vie ressurgissent devant lui. C’est sur quoi J.-S. Bach, dans sa Messe, ne s’est guère attardé. Son Agnus Del n’est qu’une pieuse prière de repentir devant l’autel. Après cette oraison de l’alto, le chœur remercie calmement, par un « Dona nobis », sur l’air du « Gratins agimus », et la Messe est finie. Le fidèle s’en retourne, édifié et confiant. Il a la parole de Dieu. Sa prière est acceptée.

II en va bien autrement de Beethoven ! Revenu sur la terre, il.est repris par ses troubles. Pourra-t-il s’en dégager ?

On peut se demander si lui-même, au début, se doutait de l’issue. Par les esquisses du « Dona paeem », je montrerai telle dureté d’écriture nous blesse, chez Beethoven, c’est que Beethoven le veut ainsi. L’exemple, cité plus haut, des multiples essais d’harmonies dissonantes, pour le « judicare » du Credo, montre que l’oreille de Beethoven percevait les moindres différences chromatiques, ou même enharmoniques.