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Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/448

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BEETHOVEN

il devait reconnaître, au cours du travail, la dignité pathétique). Mais l’émotion de ces accents, dont les battements des violons à contre-temps et les clarinettes soupirantes trahissent le désordre intérieur, est réprimée et ramenée, par une terminaison écourtée, au rythme imposant du cortège et à la tonalité initiale dont elle s’était, quelque temps} écartée. Au pas impérieux des bassons, le soprano reprend la tête du cortège, dont les hautbois, les clarinettes et les flut es, alternants, scandent le plaintif appel, sur un point d’orgue, des basses en fa dièze. Les violons syncopés et insistants semblent mener les voix soli à un paroxysme de douleur qui supplie ; mais ce paroxysme ne sera pas : un pp. soudain des chœurs et de l’orchestre l’étoufîe, au seuil ; le gémissement du soprano reste arrêté, flottant entre le fa dièze et le sol, et redescend, vaincu, abandonnant la parole aux violons, qui ne se lassent pas de dérouler leur douce et plaintive cantilène, où le cœur murmure ce que les voix n’osent déjà plus dire. Ce beau dessin se replie, à son tour, et se résigne, non sans peine, repris par les flûtes, les hautbois, les clarinettes, — sans qu’un seul instant ait été interrompue ou retardée la marche de la noble procession, aux voiles de deuil.

L’Agnus se clôt pp. dans une douloureuse, mais calme acceptation. — C’est ce qu’attendait, pour se donner, la grâce de la Paix. Le sombre si mineur des chœurs se mue, à la dernière mesure, en si majeur. Les accords d’orchestre passent, dans le crépuscule, du mi mineur au la majeur. Un dernier « Agnus Dei » flotte dans l’attente. L espérance point : elle ouvre la porte. Sur la dernière mesure de Y Agnus,