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Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/461

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LE CHANT DE LA RÉSURRECTION

d’orgue... Le secours vient-il ? -—-Il ne vient pas. Un fortissimo des trompettes et des timbales recouvre tout. L’ennemi est là. Le soprano pousse un cri de désespoir,

— un accord de septième diminuée sur la bémol... Tout est perdu... — Et tout est sauvé. Selon l’instinct musical de Beethoven, qui est conforme, sans le savoir, au mécanisme de l’intuition mystique, c’est dans l’abîme que se tend la main du Sauveur.

Tout ce que je viens de décrire et qu’on peut lire dans la partition, mot à mot, 11e tient qu’un espace très réduit, —- 26 mesures d’un mouvement précipité. Et ceux qui reprochent à Beethoven son réalisme déplacé, sont fort injustes : car il a fallu un grand art, pour ramasser en si peu de phrases, où la menace et la terreur s’expriment à mots sobres et condensés 1, la monstrueuse voix de la guerre et l’épouvante des peuples. L’imitation matérielle (s’il est permis de parler d’ « imitation », pour une simple fanfare de trompettes et pour des roulements de timbales, qui aussi bien signifieraient ailleurs un orage, ou un tremblement intérieur) est stylisée, avec la plus juste économie. L’intervention d’en haut se reproduit, sous une forme analogue à sa première apparition après YAgnus, mais résumée et écourtée, dans l’énoncé des thèmes, et dans des tonalités moins claires. Le « Doua » du début s’y reprend, à deux fois, descendant d’abord du la bémol au fa, au ré, au si naturel, puis du mi naturel au do, au la, au fa, avant 1. Dans tout le mouvement, deux seuls cris : celui du ténor et celu du soprano, à la fin.