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Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/473

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LE CHANT DE LA RÉSURRECTION

prise, précède immédiatement 1 le travail pour la sonate de piano op. 110, qui reflète, avec une vérité poignante, les bouleversements de ces mois.

Ce serait donc mal comprendre la Missa Solemnis que de la regarder comme un monument établi, dès le début, une fois pour toutes, dans les plans de l’architecte, et réalisé exactement d’après ces plans, du commencement, à la fin. Elle a été une œuvre en mouvement. Elle a évolué, avec Lame du compositeur, remué par le flot des émotions qui se succédèrent, en cinq années. Si cette constatation ne fait point le compte de l’art absolu, qui place son idéal, inexistant, en dehors du temps, elle ne nous gêne point, nous qui considérons les œuvres d’art comme des œuvres de vie. Et le moindre intérêt de la Missa Solemnis n’est pas, pour nous, qu’elle a fixé, pour les âges à venir, l’image puissante et véridique de la vie intérieure, mobile et chaude, d’une grande âme qui se confronte avec son Dieu, avec les angoisses de la mort et les espoirs de l’éternité, — une âme qui, comme son siècle dont elle est le plus haut chantre dans la bataille,’ a vécu dans l’écroulement d’un monde et, sur ses ruines, a cherché opiniâtrement la paix, la joie et le bel ordre d’un monde nouveau.

Elle les a sincèrement espérés et voulus, de toutes ses forces, dans la Missa Solemnis. Il est douteux qu’elle les ait trouvés.

Ce qui est sûr, c’est qu’à peine Beethoven a terminé 1. Ci", le deuxième cahier d’esquisses, analysé par Nottebohm, II, 464-465 et suiv.