Aller au contenu

Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/481

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
467
LE CHANT DE LA RÉSURRECTION

Respirons d’abord la fleur de 1820.

Jamais œuvre de Beethoven ne parut plus souple ’ et plus libre que la ravissante première partie. On a voulu en faire l’indépendante fille de la fantaisie, une sorte d’improvisation de génie ou de caprice romantique. Une analyse plus attentive est venue montrer que l’artiste ne s’était aucunement affranchi des règles ordinaires du genre, et que, dans les deux premiers morceaux, la forme-sonate déroule sa succession habituelle d’exposition (thèmes A et B), de développement (Durchführung), de reprise (thèmes A et B), et de coda, dans l’ordre immuable et consacré 1, ainsi que les cortèges rituels d’une corrida ! — Il y a plus : jamais le mécanisme mental de Beethoven, avec sa raideur d’articulations (aux mauvais jours), ne s’est accusé plus nettement que dans le deuxième et le troisième morceaux, où les divisions et subdivisions de la pensée musicale se succèdent de 4 en 4, de 8 en 8, en s’opposant, en se répondant, avec une régularité symétrique.

L’admirable est, précisément, que de cette œuvre strictement composée, l’impression reçue soit d’une jaillissante spontanéité, et que de ses défauts mêmes Beethoven ait fait vertus, — que le resserrement antithétique du Prestissimo ajoute à la violence orageuse du morceau, — que l’unifor- 1 * 31. Cf. l’analyse du premier morceau par Heinrich Schenker : — 1. Premier motif (mesures 1-8). — 2. Deuxième motif (9-15). — 3. Durchführung (16-48). — 4. Reprise (49-65). — 5. Coda (65-99). Walther Riezler insiste aussi, dans son Beethoven sur ce caractère de morceau de sonate régulier, en dépit des apparences.