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Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/482

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BEETHOVEN

mité dans la structure de VAndcmte molto cantabile ed espressivo contribue à créer autour de lui l’atmosphère d’immobile rêverie, dont nous analyserons plus loin l’émouvante nostalgie. Beethoven est, en cette heure de 1820, parfaitement maître de son équilibre, de ses faiblesses et de sa force ; il les gouverne harmonieusement. Dans aucune autre œuvre, la surabondance de son tempérament n’a réussi à s’imposer aussi naturellement le ne quid nirnis. La plus rare qualité de cette sonate est sa brièveté. En quelques pages, en quelques traits, elle enclôt un monde de sentiment, qu’elle suggère plus qu’elle ne l’exprime en l’épuisant, — contre l’habitude pathétique de Beethoven dans la plupart de ses grandes œuvres.

Cette concision de l’expression nous oblige à tenir un compte exact des moindres détails : car il ne s’y trouve point de redite ou de rhétorique, le plus simple trait est à sa place : tout a un sens. Aussi, Beethoven a-t-il multiplié les indications de nuances et de rythme ; et c’est le mérite de son récent commentateur, Heinrich Schenker, de les avoir rappelées rigoureusement, d’après son étude du manuscrit autographe, qui n’a malheureusement pas été reproduit très fidèlement dans les premières éditions publiées, du vivant de Beethoven, — à plus forte raison, dans celles qui ont suivi h 11. J’engage tous les interprètes des dernières Sonates de Beethoven à étudier l’édition explicative (Erlâuierungs-Ausgabe) et critique, qu’en a publiée, dans Universal-Edit ion, Heinrich-Schenker. Malgré l’impression rebutante qu’on reçoit d’abord de cet appareil massif et agressif de pédant armé et bardé de fer, qui vocifère à ta façon u un