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Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/483

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LE CHANT DE LA RÉSURRECTION

Le premier trait essentiel à rappeler, ou à rétablir, pour le premier morceau (et pour l’œuvre entière), c’est, son unité organique : elle coule ininterrompue. Pour la mettre mieux en lumière, Beethoven a évité clans son manuscrit autographe, à l’intérieur du morceau, toute double barre, aux changements de mesure (au passage du vivace 2/4 à Yadagio espressivo 3 /4, et vice versa). Or, c’est ce dont aucune des éditions n’a tenu compte ; et les doubles barres, abusivement réintroduites, ont favorisé la tendance, trop fréquente chez les interprètes, à disloquer la construction générale, pour des effets de contrastes exagérés. Condamnons-les : ils sont contraires à l’essence du morceau. Cette première partie de la sonate est une rêverie, au fil de laquelle l’esprit s’abandonne ; et cette impression est, dès les premières mesures du vivace p. dolce sempre legcito, très naturellement et sobrement produite par le double cifet de la petite chute ( £ f ), qui se répète, à la main droite, et par le flot égal de la réponse, à la main gauche 1. héios d’Homère, ou d’un Scnligcr, et fend la tête à ses adversaires, — sans épargner la galerie, qui comprend presque toutes les races de la terre — (l’éuilion de l’op. 111 est de 1915, et clic exhale les fureurs de la guerre, avec le délne raciste qui va suivre) — celte grande édition est d’une valeur unique. Lui n’a su lire le texte vrai de feothoven, avec un tel scrupule d’exactitude, joint à l’intuition pénétrante du génie créateur. Sous un monceau de science, qui se raidit dans son mépris orgueilleux de la critique sentimentale, brûle une liamme d’émotion passionnée, qui s’alimente au plus profond de letre de Beethoven.

1. Ou vicc-vcrsa, par la suite. Cl’, mesures 10-21, 52-54, 07-09, 71-73.