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Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/488

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BEETHOVEN

dans une lumière voilée, le plus souvent p. — pp. — sut una corda — sempre più piano — même et surtout dans la Durchführung (70-104) 1, propice pourtant aux éclats de voix et aux sursauts : ici, dans le trouble qui l’envahit, lui prend la gorge, elle parle bas, et elle finit par trois accords pp. sans souffle (102-104). A la reprise (105-177), la basse du thème initial se fait la voix du haut, l’expression devient plus ramassée, le raccourci ajoute à l’intensité ; le souffle est plus rapide, la température monte, sans toutefois atteindre au paroxysme qu’on attend. Une suite de cresc. sempre più cresc. se résolvent en p. — jusqu’à la galopade avant-finale, dont les quatre octaves en si répétés, à la basse, puis à la voix supérieure, semblent marquer les coups de sabot, et qui, dans son élan haletant, s’arrête sur trois accords ff. et staccato (166-167)... Les trois accords concluent ; mais le coeur emporté n’a pas conclu : il continue de battre, à coups précipités. Les coups se répètent, d’abord p. et non détachés, puis ponctués, legato, cresc., comme si l’homme ramassait toute son énergie, pour affirmer en terminant, par trois forts accords, pleins et staccato, son indomptable volonté.

La volonté s’est affirmée. Mais elle s’est dépensée. Et comme il arrive souvent chez Beethoven, le champ de la pensée en est dégagé, pour laisser ensuite fleurir la tendresse, sous l’énergie, étouffée. La rafale a passé. Voici maintenant le chant du cœur :

1. Le ff. ne se manifeste qu’à l’attaque du début et de la reprise (mes. 105), et pour conclure. Presque tout le reste se déroule dans la pénombre.