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Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/49

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LE CHANT DE LA RÉSURRECTION

procès, comme un Plaideur de Racine. Procès perdu de 1813 contre le prince Lobkowitz, qui, ruiné aussi, ne payait plus la pension que réduite au cours de dévaluation : (Beethoven le traite de « gueux princier », « fürstlichen Lumpenkerl ».) — Procès de trois ans, pour un maigre résultat, contre les héritiers du prince Kinsky (1813-1816) (« Viele Träanen und Wehmut… ») — D’inextricables affaires judiciaires, en 1815[1], où il doit, pour questions de famille, engager à l’éditeur Steiner plusieurs de ses sonates écrites ou à écrire, à un tarif dérisoire… Il est vraiment acculé. Et ce sont ces stupides « Académies », où il exhibe sa niaise Bataille, qui le remettent à flot, en 1814, avec sa participation aux fêtes du Congrès, où il joue le « poète-lauréat », le musicien de cour, et se laisse encenser par les princes. Son art n’y a rien gagné. Mais il sort de là avec un petit pécule : 4.000 florins d’argent, après paiement de ses dettes. En billets de banque, cela faisait 10.000 florins. Beethoven veille dessus, maintenant, comme le dragon sur son trésor.

Mais cet argent ne produisait rien ; et le coût de la vie continuait d’être énorme. Beethoven chercha à placer ses épargnes. Il songea d’abord à l’achat d’une maison, et il se mit à l’affût des annonces. Il lut dans la Wiener Zeitung qu’une maison était à vendre, à Môdling. Il s’emballa. L’éditeur Steiner, consulté, l’en détourna[2]. Il chercha d’autres moyens de rapport. Mais, en paysan méfiant qui

1. Ces affaires d’argent ont été révélées par les recherches de Max Reinitz : Beethoven im Kampfe mit dem Schicksal, 1924.

2. Dans un « Cahier de conversations », on lit, de la main de Steiner sans doute : « Je ne suis pour aucun achat, parce que trop de charges. »

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