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Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/50

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BEETHOVEN

serre ses écus dans son bas, il ne pouvait se résoudre à l’idée d’abandonner son bon argent pour du papier. Ses amis banquiers eurent beaucoup de peine à le convaincre. Il était à la meilleure source d’informations. En 1817, quand s’annonça le renflouement des finances de l’Etat et que le ministre comte Stadion préconisa le retour à la monnaie métallique, Beethoven fut des premiers instruits, par son mécène le baron Henikstein, « le banquier musical » qui l’invitait à sa table, et qui avait ses entrées dans les cercles gouvernants. Il se décida, non sans angoisse, à mobiliser une partie de son argent, qui était en dépôt à la Nationalbank, sous la garantie d’aristocrates de la finance, tels que Henikstein, Geymülier, Arnstein, surtout Von Eskeles, que tous Beethoven connaissait personnellement. Il acheta d’abord une action de banque, puis, avec tout l’argent comptant de ses recouvrements de pension arriérée, le 13 juillet 1819, huit autres actions. C’était alors, dans Vienne, une fièvre de spéculation. Chacun avait hâte de se débarrasser du papier des billets de banque décriés, et d’acquérir les nouvelles actions. Les souscriptions affluèrent si fougueusement qu’on dut les suspendre. Mais Beethoven fut un des privilégiés. Von Eskeles se chargea, pour lui, de l’achat et de l’enregistrement des actions. Sur chaque action, le souscripteur gagnait 206 florins argent, puisque pour 1.000 florins papier (soit 294 florins argent) et contre paiement comptant de 100 florins argent, il recevait une action de 600 florins argent. De plus, les actions montèrent très vite, de plusieurs centaines de florins. Beethoven, enchanté, suivait passionnément le cours de la bourse ;