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Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/498

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BEETHOVEN

du dehors, au sein de son rêve… Rêve. Rêve… Sur les journées, les grands songes planent, immobiles… Le vent d’automne y apporte les feuilles mortes et les odeurs du passé. Mais ces souvenirs ont perdu leur aiguillon ; et de leur cire et de leur miel sombre et doré, l’esprit bâtit sa ruche et ses rayons. L’esprit est maître de ce qui l’a charmé, de ce qui l’a blessé ; il s’enroule au centre de son univers, qu’il a créé.

Le déroulement et l’enroulement ordonné des longs anneaux des Variations répondent à ce mouvement irrésistible et subconscient de l’esprit. Nous en verrons de plus beaux exemples encore dans l’auguste Adagio de la sonate op. 111, et dans ce livre des Pensées : les 33 Variations, op. 120. Toutes ont en commun la simplicité nue et l’aspect statique — ou mécanique —— du thème initial. Mais le créateur en fait fleurir des mondes. La floraison de l’op. 109 est la moins chargée de pensée, la plus ingénue peut-être, mais non la moins charmante. Elle est un Jeu du Rêve et de l’Amour.



Toute différente est sa sœur — l’op. 110 — qui a pourtant, à ses débuts, participé aux jours heureux et calmes d’été 1820 1. Mais, retardée dans sa composi¬

1. Si féconde était cette période heureuse de 1820 que, dans le même temps où il esquissait l’op. 110, il jetait aussi sur le papier les premières esquisses de l’op. 111 et d’une autre sonate en si bémol majeur, que, par la suite, il ne réalisa point. — (Cf. Noitcbohm, II, 460 et suiv.).