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Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/519

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LE CHANT DE LA RÉSURRECTION

libre et très précise : peu de passages ont été aussi minutieusement annotés par Beethoven ; les moindres inflexions sont inscrites.

L’arioso dolente, dont Y adagio ma 7on troppo se relie, par dessus le récitatif, avec Yadagio ma non troppo des trois mesures du début, est un retour de la conscience claire, qui surnage du flot inarticulé de la douleur. Ce beau chant douloureux (Klagender Gesang) a nécessité quantité d’esquisses L Le premier jet, comme presque toujours chez Beethoven, se dépensait en paroles ou en gestes, à la fois pauvres et superflus. Tel ce dessin :

Sur une monotone et sombre batterie, dont la trouble atmosphère évoque celle d’où surgira plus tard, dans la nuit de Bretagne, le duo de Tristan, et dont les masses opaques flottent du la bémol m ineur à Y ut bémol mineur, pour revenir au premier, l’âme élève sa plainte, qui reste toujours noble et mesurée, jusque dans ses syncopes et ses sursauts. Le chant est large ; l’esprit en demeure maître ; malgré la douleur tragique qui l’inonde, il n’a rien perdu encore de ses forces. Et quand, à la fin, ayant tout dit, il 11. Sur les principaux moments de la longue plainte déclamée — notamment sur la première phrase de 1 ’arioso dolente (mesure 9) — sur la cime de la plainte (mesure 15) — et sur les mesures finales (21-24) — tous les accents ont été essayés, avant d’atteindre à l’expression juste.