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Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/52

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BEETHOVEN

— « Miser sum, pauper… »

En vérité, il ne l’était pas, il ne l’était plus. Il avait fini par acquérir — et assez vite — une connaissance pratique, très solide, des placements. Vente de maison de son frère Karl, contre judicieux paiement hypothécaire (1818). Encaissements réguliers de ses rentes, des dividendes de ses actions et d’honoraires respectables. Gestion sévère de deux fortunes : car, en plus de 9.200 florins attribués à son neveu, il s’était constitué une propriété personnelle de 10.000 florins en actions. Quand furent émis les premiers billets à lots de Rothschild, il se précipita pour en acheter. Outre les intérêts de 5 %, il envisageait, dans ce placement, la chance de gagner un gros lot de 120.000 florins. Il en parlait souvent avec son neveu.

Il se trouvait donc en état d’avoir un confortable train de maison. Il payait 1.100 florins de loyer annuel. Il avait des domestiques et une gouvernante, qui lui coûtaient 1.700 florins par an. Il avait, à Mödling et à Baden, de fort bonnes habitations d’été. Pour l’éducation de son neveu, il dépensa, de 1816 à 1818, 4.000 florins, en 1819 2.000 florins[1]. Enumérant ces frais, dans une lettre du 1er février 1819 « an den Wiener Magistrat », il faisait remarquer que « maint comte et baron ne rougirait pas de ces établissements d’éducation : il y a même des gentilshommes, qui ne font pas et ne peuvent pas faire cette dépense… » Et, dans son Mémoire (Denkschrift) du

  1. Chiffres puisés aux archives de Vienne, par Max Reinitz.