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Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/521

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LE CHANT DE LA RÉSURRECTION

Le terrain est solide, ici, sous nos pas ; et l’on va... allegro ma non troppo... La marche s’organise, en une tranquille fugue à trois voix, maintenue, pour la majeure partie, dans un sempre piano 1.

En fait, ce n’est pas une fugue entière. Le plan de Beethoven comportait, dramatiquement, un double assaut de la douleur, qui s’exprime dans les deux ariosos, et une double réplique réconfortante de la fugue. Il était relativement simple de doubler Yarioso. Il ne l’était pas de partager en deux la fugue, qui normalement est en trois. Ainsi que le montre l’analyse de Schenker, Beethoven a fait de l’exposition seule sa première fugue, ou, pour parler plus exactement, le premier morceau de sa fugue, en la bémol. Ce n’a pas été sans grand’peine, dont les esquisses portent témoignage. La brièveté du thème, le maintien, dans tout le morceau, des deux seules tonalités du sujet et du contresujet (la bémol et mi bémol), exposaient au danger de monotonie ; et d’autre part, l’obligation d’interrompre la fugue, 1. Sauf dans la conclusion — provisoire — de la première fugue, où dominent des raisons d’ordre dramatique, il y a très peu de passages où les voix se départissent du piano : trois brefs /. un seul //. Encore Schenker engage-t-il à les interpréter, d’une façon relative : il n’y voit pas de vrais /., au sens absolu. Toute la véritable énergie, les accentuations dynamiques, sont réservées à la seconde fugue.