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Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/522

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BEETHOVEN

à la fin de sa première partie, exigeait certaines libertés, pour préparer l’effet de terminaison volontaire et de rupture. Cette harmonie cherchée entre les formes de la fugue et de la sonate a été obtenue, avec une justesse et une sobriété de moyens exemplaires. Tout ce morceau demeure dans un sentiment de calme courage, qui cherche à se relever. La ténacité de l’effort se heurte à des obstacles. Sur l’autre versant de la pente, dont la ligne de faîte est accentuée par l’unique ff., les difficultés s’accusent, avec la fatigue, marquée par les lourdes syncopes, les tenues à contre-temps, et les pesantes descentes, à la basse. Le mouvement de lutte se précipite sf. sf. sf. p. cresc. f. ff., et il se brise en un arpège qui descend et remonte sur une tenue d’accord, dont la tonalité de la bémol majeur, suspendue dans une attente à voix basse 1, se résorbe sans heurt et sans éclat en la tonalité 1. En réalité, il s’opère, pendant cette tenue d’accord, en apparence immobile, une mystérieuse transformation enharmonique, que Beethoven a notée expressément, sur une de ses premières esquisses : b &

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Pour l’analyse psychologique du morceau, cette notation jette une lueur : on y saisit sur le vif la décomposition instantanée, dans le subconscient, d’un sentiment en un autre, fort différent, — de la confiance en l’angoisse, — tout ce travail obscur qui s’accomplit au fond de l’esprit, et dont les mots, moins privilégiés que la musique, ne peuvent traduire que les résultats une fois atteints, au lieu que les sons le prennent en plein mouvement.