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Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/530

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BEETHOVEN

desséché et le remplit en bouillonnant. L’âme est étale dans le lit de l’éternité. On sent que la mort n’est plus loin, et que le « guarito » ne tardera pas à l’être, définitivement. La sonate op. 110 n’atteint pas encore à cette sérénité désincarnée. L’homme livre, à cette heure, les derniers combats de la Missa Solermùs, et il porte en lui l’énorme automne de la Neuvième Symphonie. Mais il n’en faut que davantage mettre en lumière la maîtrise de soi et la mesure qui régnent dans cette sonate, où passe pourtant le désespoir. Tout est maintenu, jusqu’à la fin, dans une lumière volontairement assourdie et modérée (à part de brefs accents dans le Scherzo et dans la conclusion provisoire de la première fugue). Le plein du jour et de la force est réservé pour la montée de la deuxième fugue et la victoire de la fin. Encore est-il sans rude éclat. Qu’on imagine ce que Beethoven eût, sous un même assaut, écrit, dix ans avant ! Quels accents de douleur et de fureur effrénés !... La sagesse est venue sur le vieux front ravagé. Nous allons cueillir son plus beau fruit dans YArietta de l’op. 111.

Ia sonate op. 111 est l’œuvre de la force recouvrée. Elle s’élève comme un bloc, une montagne de basalte, à ^ deux versants : la plénitude de la puissance, et celle de la sérénité. En vérité, aucune autre œuvre de Beethoven