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Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/552

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BEETHOVEN

feront qu’en délayer l’essence. Comment Beethoven peut-il donc mettre son monologue à voix basse, en variations ?... Et ces variations ne font même pas appel à la liberté de fantaisie, qui métamorphose complètement les extraordinaires Variations op. 120 sur un thème de Diabelli, en faisant d’elles un kaléidoscope des émotions humaines. Celles-ci

— les cinq Variations de la Sonate — ne s’écartent pas un instant de la ligne thématique, qu’elles fleurissent ; elles offrent, comme le dit Schenker, « le type le plus simple de la technique la plus ancienne du genre, qui passait déjà pour démodé (die àlteste), au temps de Beethoven » : la régulière progression, de variation en variation, par le moyen d’un mouvement rythmique augmenté. C’est donc, chez Beethoven, une volonté de simplicité bien décidée ; et il s’y tient, en dépit des difficultés auxquelles doit le soumettre un tel parti, qui ajoute encore aux risques de monotonie. Bien plus ! les esquisses montrent qu’un grand nombre d’autres variations s’étaient présentées à son esprit 1 et qu’il les a éliminées, pour ne conserverqueles cinq essentielles, où s’inscrit la ligne de progression rythmique continue. Au début, simple exposé du thème nu : les trois graves croches pointées par mesure.

Première variation : 3 X 3 = 9 doubles croches ; Deuxième variation : 3 X 4 = 12 doubles croches ; Troisième variation : 3 X 8 = 24 triples croches ; Quatrième et Cinquième variations : 3 X 9 = 27 triples 1. Parmi les esquisses, on trouve une variation eu mineur, une autre rnaestoso avec arpèges, un projet de fugue, etc.