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Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/553

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LE CHANT DE LA RÉSURRECTION

croches (et nous verrons comment, de l’une à l’autre de ces deux dernières, le développement se différencie et s’amplifie ).

Nous devons donc voir dans cet ensemble un Rêve immense, où l’esprit vogue sur une barque simple et solide, qui bat des rames, d’un rythme sûr. La virtuosité, nécessaire à la perfection du dessin, ne doit jamais être qu’un instrument, soumis à la pensée qui trace son sillon sur le lac du songe.

Le même temps (L’istesso tempo) règne, du commencement à la fin, sans aucune indication d’accelerando ou de ritardando, comme c’est l’habitude chez Beethoven. C’est dire l’exceptionnelle impression d’unité consubstantielle, qui fait de ces cinq Variations et de leur thème, un même esprit, une même chair. Et en vérité, ils sont tous nés ensemble, non point soudés à la suite, mais conçus dans le même acte de génération, comme une étoile sextuple, — cinq gravitant autour d’un même soleil. Les esquisses montrent, dans l’excellente analyse de Schenker, que le travail a passé par deux phases : dans la première, le thème et les variations ont évolué ensemble, du même pas, au cours d’une quantité d’essais, avant de trouver leur vraie forme. Dans la deuxième, le thème étant fixé, les variations s’organisent, dans leur ordre définitif1, avec leur début et leur fin 1 2, comme un petit univers fermé.

1. Seule, la 3me Variation tarde un peu à venir. 2. Dès la feuille 36, où commence la deuxième phase du travail, flotte la vision de la lin : — u Ende ». Mais à ce stade de la création,