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Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/557

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LE CHANT DE LA RÉSURRECTION

qui par moments se dépassent et se rattrapent, parcourt le champ, de son galop. C’est la seule Variation qui donne, presque constamment, le plein de sa force : sempre forte, avec une quantité de sf., qui scandent durement la chevauchée.

Au terme, la course plonge dans les profondeurs océaniques de la quatrième Variation. Le contraste est trop violent, pour être durable. C’est, au début, un pp., où la mélodie s’enfonce — on pourrait dire, au-dessous du niveau de la mer —, au-dessous de l’octave du thème, au plus profond qu’elle atteindra au cours de tout le morceau (à part les trois mesures de la fin). Et par-dessous, et autour d’elle, gronde en point d’orgue, sur la tonique, le mystérieux intervalle, l’âme de la sonate :

Meerestille...

La muette répétition en legato des accords posés en syncopes sur le flot, donne l’impression d’un sourd battement en vase clos. C’est un effet fréquent chez Beethoven, aux minutes d’intense contemplation. Le prolongement de l’émotion fait reparaître l’ombre du son ; il se répercute contre les parois de la poitrine, perçu seulement par l’oreille intérieure. Par endroits, une note réelle, un fragment d’harmonie nouvelle, se dégage du fantôme d’une suggestion. Dans le déroulement du grand Rêve, que constitue la suite