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Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/57

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LE CHANT DE LA RÉSURRECTION

pour lui, est un combat. Et, ce combat pour l’existence, il est fier, à bon droit, de l’avoir gagné. — Toutes ses passions, toutes ses vertus, tous ses défauts, sont virils.



Mais le plus viril est, nous l’avons dit, obligé à des compromis sociaux, surtout quand il est, comme Beethoven, désavantagé dans la lutte par son infirmité, déraciné de son milieu natal et de sa classe, isolé à Vienne, comme étranger. Le cercle de ses amis fut, toute sa vie (ses lettres le montrent), très borné ; et il n’eut avec aucun de vraie intimité. Les plus proches eussent été les amis de Bonn, ceux de sa jeunesse, dont les nécessités de l’existence et sa difficulté à voyager le tinrent séparé. Ceux qui le fréquentaient, à ienne, étaient rarement des artistes. Après une brève période de griserie de jeunesse dans quelques salons d’aristocrates, qui lui rapportèrent plus de déceptions et d amertume que d’aide durable, il se trouva sans liens avec une bourgeoisie de « Phéaciens », (ainsi nommait-il les philistins de Vienne)[1], dont ses inconsistantes amitiés aristocratiques, maintenant dispersées à tous les vents, avaient eu le grave tort de l’écarter, avec mépris. Et cette bourgeoisie, dont le goût musical et l’intérêt à l’art étaient

  1. …dans ce « allgewaltigen ehmaligen Faijaken-Lande » (lettre de mai 1818 à Vincenz Hauschka).