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Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/573

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LE CHANT DE LA RÉSURRECTION

Beethoven. Pourquoi s’est-il ravisé ? Ce n’était certes pas changement d’humeur envers Antonia Brentano : car, en juin 1823 (donc dans le même mois où l’archiduc la frustrait de l’op. 111), Beethoven lui dédiait une de ses œuvres les plus exceptionnelles : les magnifiques Variations op. 130 sur un thème de Diabelli :

« Verâ ?iderungen über einen Walzer für das Pianoforte com.ponirt und der Frau Antonia von Brentano gebornen Edlen von Birkenstock hochachtungsvoll zugeeignet von Ludwig van Beethoven. 120 Werk. »

Serait-ce, comme l’a suggéré Vincent d’Indy, que « Beethoven ne pouvait dédier quà lui-même cette expression musicale de sa propre vie » P II se peut. Mais il ne paraît pas que de telles considérations l’aient empêché de dédier à des mécènes princiers, comme « le lieutenant-colonel de la garde de sa Majesté Impériale de toutes les Russies », prince Nicolas Galitzin, des œuvres bien autrement intimes, tels le quatuor op. 132 — l’oraison du « convalescent guéri », — et ses autres admirables Confessions, l’op. 127, l’op. 130. Mais c’est un fait que la sonate op. 110 est la seule grande œuvre de la dernière période qui soit restée sans dédicace. Revenons aux Brentano. — C’est par le père d’Antonie, le Hofrath Johann Melchior von Birkenstock, de Vienne, un grand mécène de haut goût, que Beethoven était entré en relations avec eux. D’après Schindler, le jeune sauvage émigré de Bonn, mal dégrossi encore par les Lichnowsky, aurait fréquenté la maison Birkenstock, dès ses premières années d’installation à Vienne, vers 1792-1793. Antonie devait avoir alors douze à treize ans. Elle se maria en 1798