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Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/584

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BEETHOVEN

qui nous occupe ici, presque aussi dédaigneuse que Schindler1. Il y a, dans cette attitude, beaucoup de légèreté, peu de compréhension. Sans parler de la fine écriture de plusieurs de ces petits joyaux (nos 1, 2, 3, 9, 10), et du charme mélodique un peu désuet, un peu Gluckiste, des deux purs et « innocents » cantabile (nos 4 et 11 : « innocentemente e cantabile ») * 1 2 * * *, les trois morceaux au centre du recueil (nos 6, 7, 8) ont un intérêt exceptionnel d’art et de pensée. On y entend des monologues apparentés à certaines variations de l’op. 120 (sur un thème de Diabelli) et à des fragments des derniers quatuors.

Le plus bref, non le moins expressif des trois, le n° 8, demeure dans un même style de méditation grave et laborieuse, où la recherche est courageuse, et le mélancolique consentement éclairé par un pâle rayon de révélation.

celles du n° 5 (cette sorte de danse des Furies, au rythme de violente Sicilienne) s’intercalent au milieu de la composition de la sonate pour piano et violon, op. 30, n° 2, à l’empereur Alexandre. Les cinq premières sont donc antérieures à 1804. — Les six autres sont postérieures à 1819. L’esquisse du n° 6 a été retrouvée par Nottebohm (II, 155) sur la même page que les accords d’orchestre pour le Judicare du Credo de la Alissa Solemnis, — et celles des n08 7 à 11, entre les travaux pour la sonate op. 109 (2me et 3me morceaux) et les esquisses du Benedictus (Nottebohm, II, 460). — Ces cinq dernières Bagatelles (7 à 11) ont été offertes par Beethoven au kapellmeister Starke, pour sa Wiener Pianoforte Schule, qui parut en 1821.

1. Cf. Thayer et Riemann-

2. On remarquera que, si séparées qu’elles soient par le temps, ces deux mélodies sont apparentées par le sentiment, et que la plus tardive, le n° 11, est celle où l’on perçoit le mieux l’écho lointain d’Iphigénie. Le souffle de Gluck a persisté dans Beethoven, toute sa vie.