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Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/598

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BEETHOVEN

BEETHOYEX

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s’oublie et remplit le local de ses éclats de voix joviale ou furibonde 1. On a beau l’avertir :

— « Y e parlez pas si haut ! Votre signalement est trop connu. C’est le désagrément des lieux publics, quon y est gêné en tout, tout est écouté et entendu... 1 2 ». Ailleurs, c’est pire encore. Il y a un espion... « L ne autre fois !... (sous-entendu : nous reparlerons de cela...) En ce moment, l’espion Haensel est ici... 3 ». Mais Beethoven n’en tient pas compte. Une fois parti, il est impossible de l’arrêter. Friedrich Rochlitz, qui l’observe, d’une table voisine, à un Gasthaus, où Schubert l’a amené, a brossé de lui un petit tableau très pittoresque, que je ne puis faire mieux que d’exposer : (il est daté : 1822). «... Les places étaient, pour la plupart, occupées. Beethoven était assis, entouré de plusieurs de ses connaissances qui m’étaient étrangères... Je trouvai une place, d’où je pouvais le voir et Ventendre, car il parlait assez fort. Ce n’était pas une conversation, à proprement parler, qu’il menait ; il parlait seul, sans s’arrêter, disant tout ce qui lui passait par la tête, au petit bonheur. Ceux qui l’entouraient y ajoutaient peu, riaient seulement ou Vapprouvaient. Il philosophait, politiquait aussi beaucoup, à sa façon. Il parlait de l’Angletene et 1. Cf. op. cit., p. 194 : ses emportements contre le patron d’un Weinhaus, qui le prend fort mal. L’ami Bernard le prévient que les gens font attention à tout ce qu’il fait, à tout ce qu’il dit (novembredécembre 1819).

2. Ibicl., p. 214, f. 46, décembre 1819. 3. — « Ein andersmal — gegemvârtig ist der Spion Haensel hier... # (ilid., p. 403, f. 26 a), mars 1820).