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Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/599

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LE CHANT DE LA RÉSURRECTION

des Anglais, comme il se les imaginait, dans leur incomparable magnificence (in unvergleichlicher Herrlichkeit) : ce qui ne laissait pas de paraître étonnant. Ensuite, il raconta maintes histoires des Français, du temps de la double occupation de Vienne : pour ceux-là, il n était pas tendre !1 II s’exprimait, avec la plus complète insouciance et sa ?is le moindre égard,

— le tout épicé de jugements extrêmement originaux et de saillies burlesques. Il m apparut comme un homme d’un riche esprit impétueux, d’une fantaisie sans bornes et sans répit, un vieil enfant, hautement doué, qu’on aurait abandonné sur une île déserte, avec tout ce qu’il aurait appris par science et par expérience (erlebt und erlernt), et tout ce qui lui serait parvenu de connaissances, par la voie des airs : il aurait médité là-dessus et couvé son avoir, jusqu’à ce que les fragments formassent pour lui un tout, et que ses imaginations fussent devenues des convictions, qu’il proclamait au monde, avec fierté et assurance... 1 2 ».

De qui le cercle de commensaux était-il formé, à l’époque qui nous occupe (entre 1819 et 1822) ? De bourgeois de Vienne, qui s’occupaient d’éducation ou de juris¬ 1. « Diesen war er gar nicht grün I » 2. Après le dîner, Beethoven se lève et vient à Rochlitz, qu’il a reconnu. Ils trinquent ensemble, et ils s’en vont, une bouteille à la main, dans une pelile chambre à côté, pour s’entretenir plus tranquillement.

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