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Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/602

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BEETHOVEN

des Encyclopédistes. Il avait fait le tour des professions et des connaissances humaines. Il débuta par la théologie ; il poursuivit par la médecine ; puis, il se voua à la composition : poète, musicien, critique, etc... Comme Diderot, il dépensait le meilleur de son esprit dans les cafés et les Gasthàuse, où il engageait d’étmcelantes et interminables controverses. Perpétuellement, il discutait avec Beethoven, dont il avait l’intraitable indépendance. Kanne fut et resta, jusqu’à la mort, le champion fougueux de Beethoven, qu’il nommait en 1824 « une des plus grandes apparitions du siècle » (eine dev grôssten Erscheinungen des Jahrhunderts). La plupart des convives (sauf Oliva et Czernv 1), étaient bons mangeurs et buveurs. Les soupers chez Peters étaient particulièrement soignés et « pompeux »* 1 2. Champagne, tokay, bordeaux, thé avec rhum, huîtres, carpes, anguilles, lièvres, etc., défraient les propos des gourmands entretiens. Bernard et Peters se montrent bourgeois égrillards, qui disent beaucoup de polissonneries, et se taquinent mutuellement au sujet de leurs femmes. Ils taquinent aussi Beethoven ; mais cela ne va pas, parfois, sans rebuffades, quand l’accablèrent ; et il n’avait pas la stabi’ité d’esprit nécessaire, pour les surmonter. Son amitié avec Beethoven reposait sur des affinités de caractère, qui frappaient tout le monde et eux-mêmes. Les promenades ensemble de ces deux personnages Hofïmannesques étaient légendaires, à Vienne.

1. qu’ils n’estiment pas, parce qu’il est buveur d’eau (op. cit., p. 369).

2. « pompüses Diner ».