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Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/604

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BEETHOVEN

Mais on tenait aussi des propos plus sérieux. Kanne était le philosophe de la bande. — « Philosophie und Musik sollen lehen ! » disait-il à Beethoven 1. Il lui empruntait le volume de la Farbenlehre de Goethe, promettait de lui envoyer un opuscule de Schleiermacher, lui offrait « quelque chose de très clair » de Schelling sur l’art et l’académisme, lui citait Winckelmann * 1 2, l’engageait, l’obligeait presque à lire Platon :

— « Vous devez lire Platon, dans la traduction allemande de Schleiermacher, vous le devez... Je vous l’apporte. Lui et Schelling sont les plus grands ! » 3

Sans doute, Beethoven s’excusait-il de son peu de connaissance des philosophes. Mais ses amis lui répliquaient : — « La philosophie de la vie, celle-là vous la possédez, et c’est assez ! » 4

C’était cette « philosophie de la vie » qu’il cherchait et qu’il puisait dans les dialogues de Socrate, son grand modèle 5 mor-e une très belle demoiselle de compagnie et l’a vendue en Turquie à un Juif turc, qui voulait la négocier pour le Sérail. Un Anglais la lui a rachetée, et maintenant elle vient ici. On a enterré à Baden, sous son nom, la domestique ; et le docteur, qui vivait donné le faux certificat de décès, s’est pendu, l’été passé, à Baden. On croit que la domestique a été empoisonnée » (ibid., p. 368, f. 54 a, b, 55 a, février-mars 1820). 1. Mars 1820.

2. « On doit ébaucher (entwerfen) aiec feu et exécuter a ec flegme » (p. 417).

3. P. 418.

4. « Philosophie des Lebens, das besitzen Sie, und das ist genug » (p. 254, janvier 1820).

5. Il le mettait au même rang, sur le même plan que le Christ. — « Socrates u. Jésus waren meine Ajuster... » (p. 280, janvier 1820).