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Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/609

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LE CHANT DE LA RÉSURRECTION

En 1819, l’étudiant Karl Sand venait d’assassiner l’écrivain Kotzebue, agent du tsar. Il était l’exécuteur de l’ordre de mort édicté par une organisation secrète. Metternich saisit l’occasion, pour écraser toute liberté de publication, de parole et de pensée L A la première nouvelle du meurtre, il dit : « J’espère frapper, avec Vaide de Dieu, la Révolution allemande, de la même façon que j’ai vaincu le conquérant du monde 2 ». En août 1819, il promulgua les Décisions de Karlsbad (Karlsbader Beschlüsse), rédigées sous sa direction par des hommes d’Etat allemands, qui annulaient toutes les promesses, tous les essais de Constitutions favorables à la liberté de pensée, et qui faisaient de l’Allemagne entière une prison. Elles instituaient une stricte censure des journaux et des brochures, établissaient dans les Universités des « curateurs » spéciaux, pour veiller à l’étouffement de l’esprit dangereux à l’Etat, et préparaient une Commission pour instruire des menées révolutionnaires 3. Metternich regardait ces ordonnances de Karlsbad comme le fait capital (wichtigste) de son existence ; et son homme 11. « L’imagination de Metternich, dit Treitschke, n’avait que cinq métaphores, bien connues du monde diplomatique : le volcan, la peste, le cancer, le déluge et l’incendie : et toutes s’appliquaient au danger révolutionnaire. »

2. « Ich hofje die deutsche Révolution mit Gottes Hilfe so zu schlagen. wie ich den Erobérer der Welt gcsiegt habe. » 3. Cf. Georg Forster : « 120 Jahre Kampf um demokratische Freiheiten, vom Metternich Régime zur Hitlerdiktatur » (ap. revue : Die Internationale, éditée actuellement à Strasbourg, aux éditions : Prométhée, Jahrg., 1936, Heft 2-4).