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Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/615

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LE CHANT DE LA RÉSURRECTION

sans ressort, « qui ne sait plus s’aider autrement » qu’avec Dieu et avec les saints. — Mais tant va la cruche à l’eau... Gare à la casse !... « La religion aussi est mise en jeu 1 ». Le cercle de Beethoven est fort irrespectueux des choses et des hommes de Dieu. Il se gausse des moines et des miracles. D’étranges reliques conservées dans des cloîtres, il est dit des énormités, avec des rires rabelaisiens 2. Dieu lui-même ne sort pas de leurs propos, sans accrocs. Un de la bande rapporte, en français, ce mot impertinent : — « Dieu n est quune bambouche (une marionnette) qui n’est jamais venu sur la terre » 3.

Les compagnons blaguent le travail auquel se livrent les valets de Metternich, les asservisseurs de la pensée : — « Au Congrès, conte Blôchlinger, on travaille maintenant à une loi qui prescrit à quelle hauteur les oiseaux doivent voler, et à quelle vitesse les lièvres doivent courir 4. Mais le rire donne le change sur le sérieux de la pensée : 1 2 3 4puissent le soutenir... « Comment est-ce possible qu’un Stolberg, qui, dans sa traduction de Platon, a si bien éclairé les idées de Platon et du Christ, ait pu devenir aussi inconséquent ? Que peut-on attendre de gens qui n’arrivent jamais à la vraie conscience de soi P Tous ces « Convertis » le sont devenus par intérêt (Eigennutz) et non par conviction. Schlegel est (le faii est sûr) devenu catholique, par intérêt, car je ne le crois pas capable de quelque chose de grand... » (p. 420-421, mars 1820). La haine se montre aussi contre les jésuites « qui voudraient nous enterrer, d’après le modèle de l’Hindoustan, et établir le système des castes » (p. 281, janvier 1820).

1. P. 399, mars 1820.

2. P. 281, janvier 1820.

3. P. 359, février 1820.

4. P. 376, mars 1820.

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