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Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/619

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LE CHANT DE LA RÉSURRECTION

sont inquiets de l’esprit de violence aveugle, de l’égoïsme brutal et inintelligent des nouveaux révolutionnaires. Ils voient bien quel mal a fait à la cause des libertés l’assassinat de Ivotzebue, et comment il a fourni à Metternich les fers pour enchaîner l’esprit allemand. Si peu intéressante qu’ait été, à leurs yeux, la victime, ce meurtre leur paraît un crime absurde, tristement révélateur du manque de sens politique des nouvelles générations 1. Et le plus grave pour eux est l’universel déclin de la culture intellectuelle :

— « Il me semble que nous, Européens, nous allons à reculons, tandis que /’Amérique s’élève à la culture » 2. L’avenir des pays germaniques, surtout, leur paraît sombre. Car si ces Autrichiens et Allemands intelligents souhaitent tous l’union et l’unité des Etats germaniques, ils n’en prévoient pas la possibilité, sous le joug de la Sainte-Alliance, qui s’applique à tenir les peuples séparés. Une seule éventualité de succès, mais à quel prix ! « Si nous sommes une fois engloutis par la Russie, alors, cela peut se faire... » 3.

Là-dessus, ils ne sont plus d’accord. Car si l’un fait l’éloge du généreux empereur Alexandre, d’autres, pour se consoler de la servitude morale en Autriche, disent : « C’est toujours mieux qu’en Russie !... » 4 La Révolution d’Espagne passionne le petit cercle et l’opinion à Vienne, presque aussi ardemment qu’aujour- 1. P. 400, mars 1820. (Longs propos de Blochlino-er). 2. Ibid.

3. P. 415, mars 1820.

4. P. 376, février-mars 1820.