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Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/621

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LE CHANT DE LA RÉSURRECTION

ce ]ieu, un caractère héroïque. Imaginons Beethoven dans l’Italie de la Tosca ! A la torture près, la Vienne du comte Sedlnitzky (le ministre de la police) n’était pas si loin de la Naples du baron Scarpia ! Et l’empereur François Ier, qui jouait au bon papa, n’avait pas de plus doux plaisir que de lire, à son foyer, les rapports de la police et d’ajouter à la dose des sanctions déjà prises. Les républicains trouvaient aisément gîte dans les cachots du Spielberg. Or, Beethoven étaiR dès 1809, noté à la cour comme républicain 1. Il fut, plusieurs fois, l’objet de rapports secrets de la police, notamment au Congrès de Vienne, et en 1819-1820. Il avait dit trop haut qu’ « après tout, le Christ n était quun Juif crucifié ! » Dans les Cahiers de conversations de mars 1820, Bernard raconte, d’après Czernv, que 1. Baron de Trf.mont : — « A la cour de Vienne, Beethoven passait pour un républicain déclaré ».

On est surpris que la Révolution française tienne si peu de place dans ses notes et ses souvenirs. On sait que le libretto de Leonore est emprunté à un sujet révolutionnaire de Bouilly. Mais comment, ayant à caractériser l’armée française dans sa symphonie de la Bataille, fait-il usage de l’air de Malbrough ! Il n’y a point trace de la Marseillaise dans son œuvre. — Dans un de ses cahiers d’esquisses de 1815 (février-août), une « Marsch nach der Trommel » rappelle un peu le « Ça ira » (cf. Nottebolim, II, 315). Dans le même cahier (Nott., 11, 319), il a pris note d’un livre : Gemàlde der merkwürdigen Bevolutionen, par Samuel Baur, Ulm, 1811. — Mais il semble qu’il n’ait jamais pardonné à la France révolutionnaire la déception de l’Empire. A la question que lui posait en 1809 le baron de Trémont, « s’il n’aurait pas plaisir à connaître la France », il répondait : — « J’en ai eu toujours le vif désir, avant qu’elle se donnât un empereur. Maintenant, l’envie m’en est passée. »