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Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/622

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BEETHOVEN

dans les cafés 1 abbé Gelinek répand sur Beethoven des bruits dangereux...

— « Il a dit que vous insultiez Vempereur, l’archiduc, les ministres, que vous étiez un second S and 1, que vous finirez à la patence... » 1 2.

Qu’il ait échappé à la prison, on peut s’en étonner. En 1820, le redoutable comte Sedlnitzky s’entretint sérieusement de son cas avec l’empereur.

S’il a été épargné, il l’a dû sans doute à sa gloire, comme, un siècle plus tard, Tolstoï : son arrestation eût fait tro ; d’éclat. Mais il le doit surtout à la protection de son élève, l’archiduc Rodolphe, le fds du feu empereur Léopold I et lu neveu de Marie-Antoinette. N’écrivait-il pas, à ce moment même, la Messe Solennelle, pour l’intronisation du cardinalarchevêque d’Olmütz ? Mais quel paradoxe que cette Messe ait été écrite, dans une pareille atmosphère ! Et cela ne jette-t-il pas une lueur singulière sur l’indomptable indépendance d’esprit du compositeur du Credo ? A cette indépendance il ne renonça jamais. Jusqu’à sa mort, « il s’exprimait toujours, avec la même liberté, sur le gouvernement, sur la police, sur Varistocratie, même en public. » Ordre avait été donné à la police de traiter ses propos de bavardages extravagants. « Elle les connaissait, mais elle tolérait ses satires, comme des rêveries inofjensives 3. 1. L’assassin de Kotzebue.

2. « Sie würden noch an den Galgen kommen » (p. 408-409, mars 1820).

3. Dr Müller.