Aller au contenu

Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/81

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
75
LE CHANT DE LA RÉSURRECTION

mente[1] et achevé en octobre 1809) et la Sonate des Adieux, op. 81 a (4 mai 1809-30 janvier 1810). La belle Sonate à Thérèse, op. 78, est du même temps (octobre 1809).

Et si ralentie qu’ait été par une grave maladie — due à la surexcitation et à la sous-alimentation — la production musicale en 1810, elle est de choix, sous le signe de Goethe, avec qui Bettine le mit en relations. Beethoven écrit alors ses deux recueils de Lieder de Goethe, op. 75 et 83, et la musique d’Egmont[2]. Le dramatique quatuor serioso op. 95, dont l’allegretto agitato final est tout imprégné d’Egmont (on pourrait dire que c’est une deuxième ouverture d’Egmont) porte la date d’octobre 1810 ; et l’admirable trio à l’archiduc, op. 97 (achevé en mars 1811) clôt lumineusement cet âge classique de la création Beethovenienne[3].

  1. Nottebohm, II, p. 268.
  2. La lumière de Goethe a été un phare pour Beethoven, en cette époque de tempêtes. Dès le manuscrit du quatuor op. 74, en 1809, on lit en suscription à une page de la troisième partie : « Partition d’Egmont d’après Gœthe » ; et deux esquisses de l’op. 74 sont entremêlées à des esquisses pour un des lieder de Clärchen : « Freudvoll und Leidvoll », mais écrit pour deux voix et clavier, — donc avant que Beethoven ait reçu la proposition de composer la musique de scène d’Egmont. (Cf. Nottebohm, II, pp. 270-271).
  3. Toutefois, le quatuor op. 95 trahit des violences de contrastes, des accentuations de caractère, qui annoncent les symphonies de 1812. — En général, les quatuors, ces Confessions, décèlent à l’avance des mutations psychologiques, qui ne se manifesteront que plus tard dans le plein éclat des grandes œuvres orchestrales. Dès 1806-1807, quels troubles d’âme livrent déjà les quatuors Rasoumovsky, op. 59 ! Et remarquons, d’ailleurs, qu’au milieu du travail aux 2me et 3me morceaux du quatuor, op. 59, no 3, apparaît le thème du fameux Allegretto (2me morceau) de la Septième Symphonie, qui ne sera écrite que six ans après ! (Cf. Nottebohm, II, 86 et 106).