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LES DERNIERS QUATUORS

toires de la catastrophe de l’été suivant où, sans passion, sans motif sérieux, par simple dégoût de tout effort suivi, par ennui, sans le moindre égard à ce qui en résulterait pour le « père », le neveu se suicida. Qui peut nous dire si Beethoven n’a pas tremblé déjà, lors de la fugue de 1825, probablement vers la fin de septembre, devant l’horreur d’une telle folie ! C’est ce qui explique les supplications délirantes, avec lesquelles il appelle, il conjure le jeune garçon de revenir :

— « … J’espère au moins demain un mot de toi. Ne me mets pas dans l’inquiétude ! Et songe à ma souffrance !… Que n’ai-je pas souffert déjà ! … » (4 octobre).

« Pour l’amour de Dieu, reviens aujourd’hui à la maison, — accours, accours !… Mon cher fils… Plus un mot !… Viens seulement dans mes bras, tu n entendras aucun mot dur… tu seras reçu avec le même amour… Ce qu’il y aura à faire pour l’avenir, nous en parlerons affectueusement, ma parole d’honneur, pas un reproche ! Ça ne servirait plus à rien, tu n’as à attendre de moi que la sollicitude et l’aide les plus pleins d’amour. — Viens aussitôt ! — Viens sur le cœur fidèle de ton père !… Viens aussitôt après le reçu de cette lettre. » (Et en mauvais français sur l’enveloppe) : — « Si vous ne viendrez pas, vous me tuerez sûrement… Venez de m’embrasser votre père vous vraiment adonné, soyez assuré que tout cela restera entre nous… » (5 octobre).

Le même jour, le neveu ayant écrit qu’il viendrait : — « Dis à quelle heure, pour que je coure au devant de toi ! Mille fois, je t’embrasse et je te baise, mon fils, non pas perdu, mais nouveau né. »

Faut-il s’étonner (et ce n’est là encore qu’une partie des sujets de troubles qui l’agitent !) que son humeur ait, en ces