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BEETHOVEN

trille de la bémol au premier violon. Que se produit-il ? On dirait que le vieux cœur n’a pu en supporter plus longtemps la nostalgie. Car, par un trait en 18 triples croches, mais que Beethoven a marquées non troppo presto, l’esprit s’échappe, essaie en vain de continuer sur son rythme sans soucis, retombe blessé sur une septième diminuée en suite chromatique descendante. C’est la Coda qui va livrer les secrets du cœur, — comme, dans le premier morceau, l’a fait la Durchführung. Ce sont deux des Confessions les plus intimes qui aient jamais été écrites en musique. Ici, Beethoven a attendu la fin du morceau, pour la révéler. L’écluse de l’humour a sauté, et l’émotion refoulée s’épanche. On voit l’âme meurtrie. Le dessin du premier motif, qui faisait montre d’une satisfaction impertinente :

[partition à transcrire]

découvre un visage douloureux :

[partition à transcrire]

et la porte n’est pas plus tôt entr’ouverte à la peine qu’elle envahit toute la maison. Les yeux ne retiennent plus les pleurs, la bouche ne contient plus la plainte déchirante, — bien qu’on dirait que le pleurant cherche à l’étouffer sous le mouchoir : — (à mesure que monte la phrase de souffrance, elle est marquée decrescendo, p., più p., pp…) Il faudrait citer en entier ces strophes de la douleur :