Page:Rolland - Colas Breugnon.djvu/166

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orgueil et son rang. Mlle de Termes sourit à ma Glodie, gentiment, la baisa, l’assit sur ses genoux, la prit par le menton, et rompant au mitan un biscuit, elle dit : « Tends ton bec, partageons… » et mit le plus gros bout dans le petit four rond. Alors, moi, dans ma joie, je criai à pleine voix :

— Vive la bonne et belle, la fleur du Nivernois !

Et sur mon flageolet, je fis un joyeux trait, qui fendit l’air, ainsi qu’avec son cri aigu, l’hirondelle.

Tous, aussitôt, de rire, en se tournant vers moi ; et Glodie bât des mains, en criant :

— Père-grand !

M. d’Asnois m’appelle :

— C’est ce fou de Breugnon…

(Il s’y connaît, ma foi. Il l’est autant que moi.)

Il me fait signe. Je viens avec mon flageolet, je monte d’un pas guilleret, et je salue…

 (Courtois de bouche, main au bonnet, 
 Peu couste et bon est.)

…je salue à droite, à gauche, je salue devant, derrière, je salue chacun, chacune. Et cependant, d’un œil discret, j’observe et tâche de faire le tour de la demoiselle suspendue dans son vaste vertugadin (on eût dit un battant de cloche) ; et la déshabillant (en pensée, cela s’entend), je ris de la voir perdue, toute menue et nue dessous ses aflutiaux. Elle était longue et mince, un peu noire de peau et très blanche de poudre, de beaux yeux bruns luisants comme des escarboucles,