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Page:Rolland - Colas Breugnon.djvu/188

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allât chercher mon vieil ami, maître Paillard, le notaire, à Dornecy, afin de rédiger mes dernières volontés. Mais ils avaient si peur qu’ils craignaient jusqu’au vent de mes mots ; et je crois, ma parole, que, par peur de la peste, ils se bouchaient les oreilles !… Enfin, un brave petit champi, « gardeux d’oueilles » (bon petit cœur), qui me voulait du bien, parce que je l’avais surpris une fois picorant mes cerises et que je lui avais dit : « Beau merle, pendant que tu y es, cueilles-en aussi pour moi », se faufila près de la fenêtre, écouta et cria :

— Monsieur Breugnon, j’y vas !

…Ce qui se passa ensuite, je serais bien en peine pour vous le raconter. Je sais que, de longues heures, vautré sur ma paillasse, de fièvre je tirais la langue comme un veau… Des claquements de fouet, des grelots sur la route, une grosse voix connue… Je pense : « Paillard est venu… » Je cherche à me relever… Ah ! vertu de ma vie ! Il me semblait que je portais saint Martin sur ma nuque, et Sembert sur mon croupion. Je me dis : « Quand il y aurait encore les roches de Basseville, il faut que tu y ailles… » Je tenais, voyez-vous, à faire enregistrer (j’avais eu le temps, la nuit, de ressasser ces pensées) certaine disposition, clause testamentaire, qui me permît d’avantager Martine et sa Glodie, sans contestation de mes quatre garçons. Je hisse à la lucarne ma tête qui pesait plus que Henriette, la grosse cloche. Elle tombait à droite, à gauche… J’aperçois sur la route deux bonnes grosses figures, qui écarquillaient les yeux, d’un air épouvanté.