C’étaient Antoine Paillard et le curé Chamaille. Ces braves amis, pour me voir encore vivant, avaient brûlé le pavé. Je dois dire qu’après qu’ils m’eurent vu, leur feu se mit à fumer. Sans doute afin de mieux contempler le tableau, ils firent tous les deux trois pas en arrière. Et ce sacré Chamaille, pour me rendre du cœur, me répétait :
— Seigneur, que tu es vilain !… Ah ! mon pauvre garçon ! Tu es vilain, vilain… Vilain comme lard jaune…
Moi, je dis (de humer leur santé, par un effet contraire, cela ragaillardissait mes esprits animaux) :
— Je ne vous offre pas d’entrer ? Vous me semblez avoir chaud.
— Non, merci, non, merci ! s’exclament-ils tous deux. Il fait très bon, ici.
Accentuant leur retraite, ils se retranchent auprès de la voiture ; pour se donner une contenance, Paillard secouait le mors de son bidet, qui n’en pouvait mais.
— Et comment te trouves-tu ? me demanda Chamaille, qui avait l’habitude de causer avec les défunts.
— Hé ! mon ami, qui est malade, il n’est pas aise, répondais-je en branlant la tête.
— Ce que c’est que de nous. Tu vois, mon pauvre Colas, ce que je t’avais toujours dit. Dieu est le Tout-Puissant. Nous ne sommes que fumée, fumier. Aujourd’hui en chère, demain en bière. Aujourd’hui en fleur, demain en pleur. Tu ne voulais pas me croire, tu ne pensais qu’à te gaudir. Tu as bu