Page:Rolland - Colas Breugnon.djvu/210

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Puis, entre les racines, la vieille fit un trou, versa une chopine de vin, deux gousses d’ail, une tranche de lard ; et par-dessus, mit un liard. Trois tours encore nous fîmes autour de mon chapeau, posé à terre et bourré de roseaux. Et au troisième tour, nous crachâmes dedans, en répétant :

Crapauds croupissants accroupis, que le croup vous étouffe !

Ensuite, nous en retournant, à la sortie du bois, nous nous agenouillâmes devant une aubépine ; au pied nous mîmes l’enfant ; et par la Sainte Épine, priâmes le Fils de Dieu.

Lorsque nous rentrâmes enfin à la maison, la petite semblait morte. Du moins, nous avions fait tout ce que nous pouvions.

Pendant ce temps, ma femme, elle, ne voulait pas mourir. L’Amour de sa Glodie l’attachait à la vie. Elle se démenait, criait :

— Non, je ne m’en irai pas, bon Dieu, Jésus, Marie, avant que je ne sache ce que voulez en faire, et si oui ou si non elle doit être guérie. Guérie, elle le sera, vertudieu, je le veux. Je le veux, je le veux, et je le veux : c’est dit.

Ce n’était pas encore dit, sans doute, tout à fait : car après l’avoir dit, elle recommençait. Dieu ! quel souffle elle avait ! Et moi, qui tout à l’heure croyais qu’elle était près de rendre le dernier ! Si c’était le dernier, il avait belle taille… Breugnon, mauvais garçon, tu ris, n’as-tu pas honte ? — Que veux-tu, mon ami ? Je suis ce que je suis. Rire ne m’empêche pas de souffrir ; mais souffrir n’empêchera