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Page:Rolland - Colas Breugnon.djvu/243

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Les autres sont nombreux, armés.

— On crie toujours le loup plus grand qu’il n’est.

— Nous n’avons plus de chefs.

— Soyez-les.

Ils continuaient de jaser, de l’une à l’autre fenêtre, comme des oiseaux perchés ! ils disputaient entre eux, mais aucun ne bougeait. Je m’impatientai :

— Allez-vous me laisser, toute la nuit, planté dans la rue, nez en l’air, à me tordre le cou ? Je ne suis pas venu chanter la sérénade, tandis qu’avec vos dents vous battez la chamade. Ce que j’ai à vous dire ne se chante ni ne se crie sur les toits. Ouvrez-moi ! Ouvrez-moi, de par Dieu, ou bien je mets le feu. Allons, descendez, les mâles (s’il en reste là-haut) ; les poules suffiront pour garder le perchoir.

Moitié riant, moitié jurant, une porte s’entrebâilla, puis l’autre ; un nez prudent s’aventura ; suivit, la bête ; et sitôt que l’on vit un mouton hors du parc, tous les autres sortirent. Ce fut à qui viendrait me regarder sous le nez :

— Et tu es bien guéri ?

— Sain comme un chou cabus.

— Et nul ne t’a fait noise ?

— Nul, hors un troupeau d’oies, qui sifflaient après moi. De me voir sortir sauf de ce trouble danger, ils en respiraient mieux et m’aimaient davantage. Je dis :

— Regardez bien. Ouais, je suis au complet. Tous les morceaux y sont. Non, il n’y manque rien. Voulez-vous mes lunettes ?… Çà, en voilà assez !